Type de ressource : Plaidoyer
Région : National
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Retour sur l’événement de rentrée 2025 d’ESS France - « Faire du bien plutôt que du chiffre : l’ESS trace la voie »

Publié le 14/10/2025
Retour sur l’événement de rentrée 2025 d’ESS France - « Faire du bien plutôt que du chiffre : l’ESS trace la voie »

Le 22 septembre dernier, ESS France, en partenariat avec Aéma Groupe, a organisé son temps fort annuel du plaidoyer intitulé « Faire du bien plutôt que du chiffre : l’ESS trace la voie ».

Cet événement phare de la rentrée a permis de porter une parole collective de l’ESS, notamment au travers de trois dialogues portant sur trois filières : la petite enfance, la longévité, et l’économie circulaire. Chacune de ces filières illustrent les dérives inhérentes à un développement des offres privées lucratives dans des domaines où l’ESS occupait historiquement une place structurante. Les échanges ont ainsi permis de mettre en contexte la préconisation défendue par ESS France de réserver ces filières au secteur public et l’ESS, dans un objectif de protection des personnes et de garantie des droits humains.

Cet événement était également l’occasion de rendre publique la position d’ESS France à la stratégie nationale de développement de l’ESS. Adoptée à l’unanimité des membres d’ESS France, cette position constitue à ce jour le document de plaidoyer le plus ambitieux produit par ESS France.

Découvrir la position d’ESS France à la Stratégie nationale de développement de l’ESS

Accéder au replay de l'événement

Un évènement en partenariat avec Aéma Groupe. 

Pascal Michard

Pascal Michard, Président d’Aéma Groupe, s’est félicité dans son discours d’accueil du fait qu’Aéma soit « l’hôte récurrent de ce rendez-vous majeur » de l’ESS. Considérant que la voix de l’ESS « trouve un écho toujours plus fort dans les attentes de la société mais pas assez dans les solutions qui lui sont proposées », et que «  l’ESS rappelle qu’une économie digne doit se donner d’autres critères de performance : protéger, inclure, préserver, être utile socialement », Pascal Michard a rappelé l’attachement d’Aéma Groupe à œuvrer en faveur du changement d’échelle de l’ESS.

Accéder au replay du discours de Pascal Michard

Trois dialogues : l’ESS, l’économie des protections et des transitions

Ces trois dialogues étaient animés par Edwige Coupez.

Premier dialogue : Grand âge

Ce dialogue a réuni Monique Lubin, Sénatrice et Conseillère départementale des Landes et Anne Penneau, Maîtresse de recherche à l’IRDES, Docteur en sciences économiques.

Lors de cet échange, Monique Lubin est revenue sur la décision prise depuis plus de 40 ans par le Département des Landes de réserver l’hébergement en Ehpad à la puissance publique et à l’ESS. La sénatrice a détaillé les effets positifs de ce choix : un prix journalier inférieur à la moyenne pratiquée par les établissements à but lucratif, l’habilitation de l’ensemble des places à l’aide sociale, ainsi qu’un haut niveau de satisfaction exprimé par les résidents et leurs familles. Elle a souligné la possibilité d’étendre ce modèle à l’échelle nationale, affirmant qu’il s’agit avant tout d’une question de « volonté politique » : « Souhaitons-nous continuer à marchandiser le grand âge, ou est-ce que nous voulons faire le choix que toutes les personnes puissent accéder à une fin de vie la plus digne possible ». Enfin, la Sénatrice a mis en avant le caractère fréquemment innovant des initiatives déployées par l’ESS, citant notamment l’exemple du village Alzheimer dans les Landes.

Anne Penneau a présenté son étude intitulée « Les Ehpad les plus chers ne sont pas les meilleurs », laquelle démontre que les indicateurs de qualité de service dans les Ehpad sont peu corrélés aux niveaux de tarification. L’étude souligne également que l’absence d’offres non lucratives dans certains territoires entraîne une hausse des prix. Elle a ainsi plaidé pour une diversification de l’offre : « Essayer de faire en sorte qu’il y ait suffisamment d’offres non lucratives, pour permettre de réduire la position monopolistique du lucratif et ainsi les obliger à adapter leurs prix et les inciter à améliorer la qualité des services proposés ».

Enfin, intervenant depuis le public, Éric Chenut, Président de la Mutualité Française, a rappelé les nombreux rapports ayant documenté l’évolution démographique de la France. Il a insisté sur la nécessité d’ouvrir de véritables débats démocratiques et de mettre en place une planification à la hauteur des enjeux liés au vieillissement de la population.

Accéder au replay du dialogue sur le grand âge

Deuxième dialogue : petite enfance
Petite enfance

Ce dialogue a réuni Céline Hervieux, Députée de Paris, et Marion Lelouvier, déléguée générale de la Fondation de l’Avenir.

Céline Hervieux a présenté le contenu de sa proposition de loi XXX, élaborée à partir des constats mis en lumière dans l’ouvrage Les Ogres de Victor Castanet. Ce texte vise à mieux encadrer le secteur lucratif de la petite enfance, dans un objectif de protection des enfants accueillis. Elle a par ailleurs souligné les limites des dispositifs actuels de contrôle : « La réalité c’est que les établissements ne sont pas contrôlés […] on accepte de se pencher sur un établissement que lorsqu’il y a un drame ». La députée a également distingué les approches entre les acteurs lucratifs, pour qui la petite enfance représente « un placement juteux », et les structures de l’ESS, notamment associatives, qui ne sont pas orientées vers la recherche de profit.

De son côté, Marion Lelouvier a rappelé l’importance cruciale de la petite enfance dans le développement de l’individu : « Le secteur de la petite enfance, et des crèches en particulier, est un endroit où on peut accélérer le développement d’une bonne santé, ou au contraire accélérer le développement d’une mauvaise santé ». Elle est revenue sur une étude soutenue par la Fondation de l’Avenir, qui s’attache à identifier les spécificités des structures relevant de l’ESS dans ce domaine. Les premiers résultats montrent une forte satisfaction des familles et des professionnels, ainsi qu’une implication notable des parties prenantes locales. Marion Lelouvier a enfin appelé à une transition progressive du secteur lucratif, qui gagne en parts de marché, vers l’ESS, soulignant la nécessité de repenser le modèle de financement des établissements à but non lucratif.

Depuis la salle, Denis Dementhon, directeur général de France Active, est intervenu pour rappeler l’importance de valoriser les logiques de capital patient, indispensables au financement adapté des acteurs de l’ESS.

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Troisième dialogue : l’économie circulaire
économie circulaire

Ce dialogue a réuni Vincent Jourdain, chercheur en sociologie et maître de conférences à l’université de Saint-Étienne, ainsi que Jean-Paul Raillard, président du réseau Envie.

Jean-Paul Raillard est revenu sur l’arrivée d’acteurs privés lucratifs dans le champ de l’économie circulaire, lesquels exercent une concurrence forte à l’égard de l’ESS, notamment en ce qui concerne l’accès aux gisements. Il a souligné les éléments qui font la spécificité de l’ESS dans ce secteur : des activités de sensibilisation à la surconsommation, un fort ancrage territorial, et des impacts environnementaux tangibles. En comparaison des modèles lucratifs, il a rappelé que les modèles économiques de l’ESS « sont équilibrés grâce à leur implication sur l’ensemble de la chaîne de valeur ».

Vincent Jourdain a quant à lui analysé certaines des difficultés rencontrées par les acteurs de l’ESS, en expliquant que « le réemploi est à la frontière entre le statut de déchets et de produits ». Il a précisé que la gestion des déchets, relevant de la protection de l’environnement, implique légitimement une forte intervention de l’État. En revanche, les enjeux liés au réemploi sont rattachés au domaine des produits, dominé par des logiques économiques concurrentielles. C’est dans ce contexte que la France a choisi de déléguer la gestion de la fin de vie des objets aux metteurs en marché, via les éco-organismes. Or, comme l’a souligné Vincent Jourdain, les décisions prises par ces derniers « ne prennent pas nécessairement en compte les spécificités environnementales voire sociales de l’ESS dans les critères d’attribution des appels d’offre ».

Enfin, les échanges avec la salle ont permis de rappeler une autre spécificité essentielle de l’ESS dans ce secteur : son utilité sociale, notamment à travers l’insertion professionnelle de publics éloignés de l’emploi.

Accéder au replay du dialogue sur l'économie circulaire

Conclusion de Benoît Hamon

En conclusion, Benoît Hamon, Président d'ESS France, s’est exprimé le choix d’ESS France de centrer l’événement autour de cette thématique « Faire du bien plutôt que du chiffre : l’ESS trace la voie ».

Il a expliqué : « Nous avons voulu faire notre rentrée sur un sujet qui est à l’intersection des enjeux proposés au passage à l’échelle de l’ESS d’une part et d’humanisation du soin d’autre part, des soins que l’on prodigue aux individus et du soin au sens que Paul Ricoeur lui donnait « la visée d’une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes. […] Ce débat que nous ouvrons, sur « l’Essisation » du secteur du soin et de la vulnérabilité est à nos yeux, une illustration concrète de la manière dont l’économie française doit se transformer pour aborder avec ambition et sérénité une des 3 grandes métamorphoses de notre époque, c’est à dire la transition démographique, à côté de la transition écologique et de la révolution numérique. ».

S’agissant de l’actualité de l’ESS, Benoît Hamon a évoqué la publication d’une Stratégie nationale de développement de l’ESS, attendue de longue date : « L'ensemble de l'ESS, aux niveaux européen et français, réclame qu'il y ait un document qui soit à la fois une boussole et un agenda pour développer l'ESS. Il est crucial pour nous d’avoir un document qui planifie ce que doivent être les politiques publiques dans les champs ou les investissements sont nécessaire, et les investissements de capital patient tout particulièrement. ». Il a également insisté sur l’importance des débats budgétaires à venir, en soulignant : « Une stratégie sans ressources, c’est comme un jardin sans eau : il n’y a pas grande chance qu’il y pousse quoi que ce soit. La question du budget qui vient sera une question fondamentale. ». Alors que le rapport de la Cour des comptes relatif aux soutiens publics à l’ESS venait d’être publié peu avant l’événement, Benoît Hamon est revenu sur le fait que les chiffres présentés par la Cour confirment un déséquilibre persistant : « L’ESS est moins financée, au regard de sa contribution à l’emploi privée, que l’économie conventionnelle ».

Il a souligné que les secteurs discutés au cours de l’événement sont au cœur de la position d’ESS France à la stratégie nationale de développement de l’ESS, un document adopté à l’unanimité des membres d’ESS France, et rendu public à l’occasion de l’événement. 

Enfin, Benoît Hamon a dévoilé les principales préconisations d’ESS France en faveur d’une réservation de certains secteurs liés à la prise en charge des personnes vulnérables à l’ESS et à la puissance publique : 

  • Dans l’immédiat, consolider les modèles de l’ESS.
  • Une stratégie douce pour augmenter la part des acteurs de l’ESS dans la prise en charge des personnes âgées vulnérables : dans un premier temps, encadrer les modèles lucratifs pour lutter contre les dérives, dans un second temps, aller plus loin et réserver ces filières au secteur public et l’ESS.

Accéder au replay du discours de Benoît Hamon

Pour aller plus loin

Découvrir la position d’ESS France à la Stratégie nationale de développement de l’ESS

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